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Libération
Critique

Tréteaux de la méduse

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A Gennevilliers, Bernard Sobel monte deux pièces en alternance.
publié le 16 mars 2000 à 23h37

Quel rapport entre Sarah Kane et Richard Foreman? Entre la jeune Anglaise, née en 1971 et suicidée en 1999, qui, en quatre ans à peine et autant de pièces ultraviolentes (1), a bouleversé la scène au point de connaître aussitôt la célébrité comme l'aiguillon le plus dur de la nouvelle dramaturgie britannique, et l'artiste né en 1937 à New York, peintre autant qu'homme de théâtre, pilier de l'avant-garde américaine des années 60 et infatigable adepte du happening, dont on a pu voir les dernières recherches au Festival d'automne? Si singuliers dans leur étrangeté que soient Manque et Bad Boy Nietzsche, ces deux textes écrits en 1999 font état de la même conscience d'un effondrement, individuel autant que collectif. Ce point commun a incité Bernard Sobel à monter les deux pièces comme un diptyque. Dans les deux cas, note le metteur en scène, l'identification des personnages a disparu, ne restent que des lettres de l'alphabet pour distinguer les voix. Dans les deux cas aussi, la langue travaillée dans sa musicalité (ses dissonances) témoigne d'un monde éclaté: Foreman et Kane explorent des conditions limites d'expression.

Et comme presque toujours chez Bernard Sobel, c'est d'abord sur l'invention d'un dispositif scénographique original que repose sa création. Ici, le jeu d'échos s'inscrit dans l'espace des décors conçus par Titina Maselli ­ peintre complice du théâtre de Gennevilliers ­ qui signe aussi les costumes. Chacun des deux spectacles s'ouvre par un effacement. Posté dans