Face aux nombreux artistes qui se demandaient s'ils devaient ou non boycotter le pays de Haider, Luc Bondy, directeur artistique du Festival de Vienne, s'est retrouvé porte-drapeau de la position antiboycott.
Qu'y a-t-il de «résistant» dans votre festival cette année?
Je suis attaqué dans les journaux autrichiens pour avoir invité, en rajout d'un programme décidé depuis déjà deux ans, Christoph Schlingensief, sorte de «polit-clown» de la scène allemande. Il vient avec un projet sur les demandeurs d'asile, qui fait déjà un énorme scandale. Pour 2001, j'ai décidé d'un programme axé sur la xénophobie. Quant au programme de cette année, centré sur des créations est-européennes, il s'inscrit contre le refus du FPÖ (extrême droite, ndlr) de l'élargissement à l'est de l'Union européenne.
La soirée d'ouverture, vendredi, n'a présenté la culture autrichienne que dans ce qu'elle a de plus traditionnel: les Wiener Philharmoniker, les petits chanteurs de Vienne, Mozart, Mahler...
Ecoutez, ma position est un peu compliquée. Je suis responsable d'un festival, engagé par une ville dont la majorité est sociale-démocrate, mais dont le conseiller à la culture est conservateur (ÖVP, le parti du chancelier Wolfgang Schüssel, ndlr). Le seul de son parti, du reste, à s'être clairement distancé de la coalition. Or, cette ouverture se fait sous la responsabilité de la mairie: 21 chaînes de télévision l'ont retransmise, ce sont des contrats aux sommes vertigineuses, etc. Je ne peux pas venir sur scène et exprimer ma position de façon aussi radicale que je le fais ailleurs. Cependant, les références, dans mon petit discours, aux idéologies extrêmes qui ont mené au nazisme, étaient tout à fait explicites!
Les artistes du monde entier qui se demandent s'ils doivent venir à Vienne ou non, ont cependant besoin de signaux plus clairs. Peter Marboe, conseiller conservateur à la culture, n'a pas déchiré sa carte du parti en signe de protestation...
Qu'est-ce que vous proposez? Qu'il quitte le