Jan Fabre est un classique de formation (Institut des arts et métiers décoratifs d'Anvers, Académie royale d'Anvers), un baroque (en réponse à son propre apprentissage) et un agitateur venu à la scène dans les années performances 70-80. Sa création pour Montpellier As long as the world needs a warrior's soul ("Je reviendrai aussi longtemps que le monde aura besoin d'une âme guerrière") est du Grand-Guignol contemporain, sanguinolent à souhait, crado. Ce ballet gluant pour poupées Barbie aux seins amplifiés est à prendre au pied de la lettre (Dario Fo sur Ulrike Meinhof, Billie Holliday, Léo Ferré), protest-song pré-punk - "Je me révolte, donc nous sommes", disait Camus - qui met en scène des héros fatigués.
Le monde est vu comme une salle d'attente de la mort, où se jouent les maladies des Blancs avec des combats de nègre et de chien qui feraient plaisir à Patrice Chéreau. Tout autour, sont disposées les tables de travail des clandestins, arrière-boutique qui investit le cirque blanc. Dans ce capharnaüm s'élèvent quelques voix de la révolte vite couvertes, se dressent encore des corps ordinaires et des corps classiques de ballerines ; et c'est plutôt réjouissant, toute cette saleté qui macule la blancheur, réveille le monde pacifié.
Jan Fabre impose sa présence protéiforme au festival de Montpellier danse, où il figure en bonne place puisqu'il y propose aussi des installations plastiques (lire ci-dessous), trois soli qu'il a écrits pour Wim Vandekeybus, Els Deceukelier et René