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Série

Un monde de guignols

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Dans tous les pays, les pantins ont trouvé leur public.
publié le 26 août 2000 à 3h42

Un castelet, des toiles peintes qui se déroulent et trois personnages de légende: les jumeaux et leur terrible grand-mère. Depuis deux ans, les trois acteurs chiliens de la Troppa tournent autour du monde avec Gemelos, spectacle de marionnettes tiré du Grand Cahier, le roman d'Agota Krystof. Ils seront au mois d'octobre à Paris, à l'Odéon. Au bord de la rivière, les deux frères jouent à se frapper et à se faire mal, tout en répétant inlassablement: «Eso no duele, eso no duele...» («Cela ne fait pas mal...»), une scène qui en dit plus long sur le Chili de Pinochet que vingt ans de théâtre pamphlétaire.

De l'autre côté de la cordillère des Andes, les Argentins du Periferico de Objetos utilisent aussi des marionnettes comme personnages centraux d'un théâtre souterrain, où la terre grouille d'insectes et de créatures inquiétantes et où le mannequin torturé de leur adaptation de Hamlet Machine, de Heiner Müller, semble sorti des caves de la dictature militaire.

Sur la rive opposée de l'Atlantique, le Sud-Africain William Kentridge, militant de toujours de la lutte anti-apartheid, conçoit ses pantins comme des doubles des acteurs qui les manipulent et les installe dans un monde parallèle où les images projetées et les objets réels se répondent sans cesse.

Dans aucun de ces trois pays la marionnette n'est un genre traditionnel, mais les artistes qui l'ont utilisée ont su la transformer non seulement en arme politique mais aussi en champ d'expérience artistique d'une originalité extrêm