«Vous en êtes arrivées là; quand le sexe marche bien, vous, les femmes, pensez tout avoir,/ et si quel que adversité touche le lit,/ de l'extrêmement bien et extrêmement beau, vous faites/ de l'extrêmement ennemi. Il faudrait que les hommes/ fassent naître les enfants d'un autre endroit, n'importe, et qu'il n'y ait pas la race femme/ De cette façon, le mal n'existerait pas chez les humains.» Ainsi parle Jason à son épouse Médée, cette agres sive qui vient de soulager son âme en l'insultant, en lui rappelant l'origine de leur lien, et le bien qu'autrefois elle lui prodigua. Jean-Quentin Chatelain a fait sa première entrée, parcouru sur la passerelle de bois le chemin jusqu'à la forme de sa femme allongée sur le dos, lui a annoncé qu'elle était désormais bannie, condamnée à l'exil pour paroles de haine con tre les rois.
L'espace d'un silence. La forme tout en blanc de la femme allongée sur le bois sombre a écouté le lâche en rajouter dans le genre: «Toi, les enfants ne manqueront de quoi que ce soit/ Même si tu me détestes je ne pourrai jamais te vouloir du mal.» Et Isabelle Huppert a détaché les mots: «Salaud total.» Sa première adresse au déserteur qui l'abandonne pour une autre, de rang estimé plus royal et davantage utile: la fille de Créon. Entre le juron «salaud» et l'adjectif «total», Huppert maintenant laisse s'infiltrer l'espace d'un silence qui porte à lui seul la radicale et troublante étrangeté du spectacle mis en scène par Jacques Lassalle: un de c