Trois personnes sur un quai de gare, la nuit, attendent un train pour Paris. Il ne doit pas faire trop froid parce que sur l’un des bancs est assise une femme de 30 ans en robe de coton rouge estivale, seyante et simple (Marie Trintignant). Elle lit un roman dont on ne devine pas le titre. Ce n’est d’ailleurs pas l’objet de la pièce, mais une préoccupation de spectateur. Il ne peut pas s’empêcher de se demander si la jolie fille lit réellement le texte dont elle tourne les pages, si elles sont blanches et si la conversation de ses voisins la distrait. Leur échange porte sur elle. Est-ce qu’elle peut ne pas entendre leur propos ? Les deux hommes dissertent sur son charme, son allure. Le plus vieux (Jean-Louis Trintignant) encourage le plus jeune (Patrick Lizana) à mieux la regarder, à mesurer sa séduction. A cette étape de la représentation, on ne sait pas encore que le vieux Marcel est le père de Michelle et qu’il lui cherche l’homme de sa vie en prévision du jour où il ne sera plus là.
Deux chats. Après Lettres à Lou de Guillaume Apollinaire, Marie et Jean-Louis rejouent donc ensemble, dans Comédie sur un quai de gare, la première pièce de Samuel Benchetrit, mise en scène par l'auteur. Encore ensemble, mais cette fois dans un registre où le lien de parenté est le même que dans la vie. Dans les couloirs du Théâtre Hébertot, le père et la fille marchent de concert, se tiennent par la main, s'inquiètent en même temps, se taisent, se regardent. Ce qu'ils disent est moins