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Libération
Critique

Anton et Olga, l'amour des lettres

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Théâtre. Peter Brook met en scène à Paris la correspondance entre Tchekhov et sa femme.
publié le 15 novembre 2003 à 1h53

Elle avait 30 ans justes, et lui 38 lorsque, en 1898, ils firent connaissance à une répétition de la Mouette, qu'elle allait jouer. Chez Stanislavski, fondateur du théâtre d'Art à Moscou. Dans les premières let tres, Olga Knipper s'adresse à Anton Tchekhov avec des mots comme «Monsieur l'Auteur», ou «Cher Auteur». Admiration et taquinerie. Déjà, très vite, elle se demande s'il pense à elle. Et comment. Et combien. De Yalta où l'écrivain habite, il répond vite et régulièrement à sa «précieuse actrice». S'il vit au Sud, c'est sur ordre des médecins. La tuberculose le ronge. Les hivers mos covites sont proscrits. Il ne peut assister aux premières de ses pièces. Se sent en exil en sa «Sibérie chaude» mais aime à cultiver maintes fleurs, des roses surtout. Plante même un bouleau, qui devrait lui rappeler l'autre Russie, la glaciale. Le bouleau ne prend pas. Leurs missives parfois se croisent. Vient cette impatience de l'amour. Il commence à lui manquer. Elle lui raconte com ment elle a vécu la représentation de la veille, les réactions du public. Il l'attend, et lui fait savoir la montée de ce sentiment d'attente. Car elle va venir passer du temps avec lui... Le printemps est à nouveau là. Il se décrit peignant en vert des bancs dans le jardin, ou pêchant à la ligne comme un de ses personnages.

Michel Piccoli, bottines claires, costume grège, prend un court instant Natasha Parry dans ses bras. Elle porte une longue jupe noire, un chemisier blanc, et son beau chignon ressemble à ce