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Libération
Critique

Les conquêtes spatiales d'un scénographe

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Dans son livre «The Open Circle», Jean-Guy Lecat revient sur un quart de siècle de création avec Peter Brook.
publié le 1er juin 2004 à 0h52

«Trouver, cela veut dire quoi ? Trouver, c'est reconnaître que ce que vous êtes en train de chercher se trouve là, tout d'un coup» : une de ces phrases simples dont Peter Brook a le secret, mais qui va aux lisières de ces ailleurs que le metteur en scène a continûment auscultés, intuition du vrai, du bel «espace vide». Et dans cet espace marche un être humain, tandis qu'un autre être humain le regarde. Alors plus besoin de rien d'autre : advient, là, cet acte qui a pour nom théâtre.

Navire. Jean-Guy Lecat, scénographe et directeur technique attitré de Peter Brook de 1975 à 2000, boucle une boucle en intitulant The Open Circle (le Cercle ouvert) (1) sa splendide récapitulation d'un quart de siècle passé à rayonner à travers le monde depuis ce lieu unique nommé Bouffes du Nord, ancienne carcasse abandonnée, navire parisien calciné posé à La Chapelle (dans le Xe arrondissement), qui émergea avec Timon d'Athènes, en 1974. Un lieu où on s'assoit en rond dans un théâtre à l'italienne désossé en rêvant de revenir à des temps élisabéthains. Une découverte de Micheline Rozan, l'alliée, l'administratrice de Brook et de son Centre international de recherche théâtrale, qui donna impulsion à l'aventure. Il y eut alors des tournées aussi énormes que celles de Carmen (spectacle vu par 300 000 personnes), ou du mémorable Mahabharata, créé dans une ancienne carrière de pierres à Avignon et qui, à Los Angeles, prit place dans un studio de cinéma, à Glasgow dans un dépôt de tra