Un hall d'exposition anonyme situé à la périphérie d'Anvers. Il est assis à la manière d'un moine copiste, les yeux perdus dans un cahier rempli de notes, des lunettes de pharmacien presbyte sur le nez. A côté, sur des tapis de sol qu'éclaire une grande verrière, les danseurs effectuent des exercices de yoga. Respirations amples, membres déliés, silence de mort. Il n'est que 10 heures. Des récipients, aquariums sans poissons et vases en verre de toutes les tailles, trônent sur les tables et jonchent le sol. Des échelles et d'énormes tambours sur roulettes délimitent l'espace scénique. Tout autour traînent un fatras de vêtements, des robes à froufrous et des tenues en cuir. Des armures s'amoncellent telles des carcasses de voitures. Le patron se lève et bat le rappel de ses troupes. Les vingt comédiens-danseurs se ressaisissent et viennent l'encercler. Douze heures par jour, six jours sur sept, ils répètent sa nouvelle création. Elle fera l'ouverture du Festival d'Avignon, dont Jan Fabre est cette année l'artiste associé, après Thomas Ostermeier en 2004. Elle s'intitule l'Histoire des larmes.
Dans cette cour d'honneur transformée en atelier de souffleur de verre, il sera question d'enfantement, avec ces hommes et femmes couchés par terre, braillant et réclamant les bras. De matrice moite et de sueur épongée, projetée, avalée, de Kleenex jetés par terre et de déodorant. On y parlera de solitude, de désoeuvrement, de courses-poursuites contre l'orage, la main tendue pour recueil