Les relations de pouvoir occupent une place centrale dans le théâtre de Christophe Huysman. Qu'il présente comme en 2002 à Avignon une pièce longue d'une nuit, autofictionnelle et profuse, marquée par l'absence de début ou de fin, où les spectateurs peuvent entrer et sortir quand ils le désirent, ou simplement dormir sur des matelas. Ou qu'il creuse le sillon des rapports de force quand il interroge la place de l'auteur dans le dispositif théâtral, et qu'il recoure au cirque pour lever les derniers écrous de la mise en scène. Avec HUMAN (articulations), Huysman drape ses fantasmes d'homme de scène protéiforme dans l'étoffe d'un collectif forcené. Il invoque l'idée de troupe ou de meute pour la dresser contre celle du créateur démiurge.
Rempart. «Faire du théâtre et de la politique, c'est la même chose, confie-t-il au détour d'une répétition à Villeneuve-lès-Avignon. Les comédiens sont comme les politiques : ils ont des programmes.» En voulant «redonner une place centrale à l'auteur», Christophe Huysman se pose en rempart face au metteur en scène omnipotent, seul aux commandes : «J'ai un problème avec le pouvoir que détient le metteur en scène au théâtre. Penser autrement, imaginer des réseaux sans porte-drapeaux demande une discipline quotidienne. Réhabiliter les auteurs, c'est accepter que des gens pensent le monde pas tout à fait comme les autres.» Huysman est un homme esseulé dont l'égarement habite chacune