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Libération

L'apport du vide

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Après des débuts dans des compagnies locales, Joël Pommerat s'est tourné vers l'écriture et la direction d'acteurs, avec un sens du dépouillement proche des auteurs de l'Europe du Nord.
publié le 11 juillet 2006 à 21h53

Ni école ni maître. Joël Pommerat est né au théâtre tout seul. Il a quitté l'école avant le bac et tâté de différents métiers : employé dans une pisciculture, barman en boîtes de nuit... «Ma mère m'a laissé le temps des choix. Mon père (mort alors qu'il était adolescent, ndlr) m'avait fixé un destin tout tracé, il aurait voulu que je devienne l'instituteur qu'il n'avait pu être.»

Transmission. Comment ne pas remarquer que les pères, les fils et les histoires de famille peuplent son théâtre ? Jusqu'à son Petit Chaperon rouge (1) qui, derrière le conte pour enfants, creuse la question de la transmission. Pommerat s'en est toujours défendu : «La famille ne m'intéresse pas en tant que sujet.» Mais il concède une part autobiographique dans Grâce à mes yeux, à ceci près que le personnage de père n'est pas militaire comme le fut le sien, mais comique et désireux que son fils endosse à son tour le costume de scène. «Au moment où j'aurais dû m'opposer à lui, il a disparu (...) J'ai mis du temps à comprendre que j'étais seul.»

Chef de troupe. Recalé aux concours des grandes écoles d'acteurs, il entre sur scène par la petite porte des compagnies locales où, en plus de jouer, chacun se mêle de tout : déchargement du camion, compta, rafistolage en tout genre... Une expérience «artistiquement limitée» mais fondatrice pour la Compagnie Louis Brouillard, née en 1990, où, en plus d'être au