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Libération

Le monde d'Armand Gatti trouve asile à Ville-Evrard.

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Théâtre. Le poète-dramaturge dirige des étudiants de toutes nationalités, pour un nouvel épisode de son cycle «la Traversée des langages».
publié le 15 août 2006 à 22h57

Le metteur en scène Armand Gatti «séjourne» actuellement à l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard. Expliquons. L'établissement est situé dans un parc d'une centaine d'hectares, calme, sur la commune de Neuilly-sur-Marne ; il jouxte une autre institution de la santé mentale : Maison Blanche, asile dont deux pavillons accueillent désormais quelques SDF (Libération du 10 août). En ce millénaire, la charité opère un singulier retour vers les enceintes hospitalières qu'une loi de 1656 envisagea pour parquer les pauvres, les chômeurs, les mendiants, les fils de famille débauchés, les correctionnaires, les libertins, les homosexuels, les protestants refusant de renier leur religion et, bien entendu, les insensés : ici relire Michel Foucault pour mieux en arriver au brillant docteur Esquirol, aliéniste du XIXe siècle qui annonça que les maladies des nerfs se soignent. Foucault décortique la loi de 1838 qui réforma le mode de relégation des fous. De cette époque relève l'architecture caractéristique des vastes hôpitaux édifiés en banlieue (le lieu du ban, à l'écart) : il y a ainsi l'asile de Perray-Vaucluse à Sainte-Geneviève-des-Bois, il y a Esquirol à Charenton et il y a donc Ville-Evrard, immensité quasi désertée puisqu'il n'y reste qu'à peine 200 patients.

Maisonnette. Camille Claudel fut internée ici. Et Antonin Artaud aussi, qui relata sa «nuit dramatique d'août 1939» en cette geôle arborée. Artaud... autre histoire ; jusqu'à Rodez et aux élec