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Libération
TRIBUNE

Aux cris de la rue, la justice

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La liberté, l'égalité et la fraternité ne suffisent plus, elles nous laissent trop à l'abri.
par Edward BOND, dramaturge
publié le 18 janvier 2007 à 5h30

Imaginez quelqu'un qui, chaque année, fête l'anniversaire de ses cinq ans. Arrivé à l'âge de vingt, cinquante, voire cent cinquante ans, il fête encore ses cinq ans et déballe ses jouets. Voilà ce que nous faisons lorsque nous célébrons notre démocratie. Nous fêtons les victoires du passé. Le monde devient adulte et nous restons dans notre enfance politique.

Nous avons à accomplir une tâche plus vaste qu'aucune autre société par le passé. Notre tâche n'est plus de réfléchir, ni d'enseigner, ni de débattre, ni même de rechercher la connaissance ­ nous devons agir. Nous devons agir même sans comprendre la tâche que nous accomplissons. Tant que nous n'aurons pas agi, la connaissance nous restera cachée. Le passé nous a déjà légué les préceptes nécessaires à la démocratie : les malades seront soignés, les plus vulnérables protégés, ceux qui désespèrent réconfortés, les affamés seront nourris et les sans-logis ne seront pas abandonnés à errer dans les rues ou à chercher asile dans des taudis. Cela paraît-il utopique ? Eh bien, en guise d'encouragement, je dirai que la démocratie est le système social qui réclame de la part de ses membres le plus grand courage. Tous les autres systèmes réclament l'obéissance, la crainte et l'esprit de vengeance.

Nous avons à accomplir une tâche plus vaste que par le passé car nous avons davantage de pouvoir. Mais nos ennemis aussi ­ et ceux que la démocratie n'aide pas en amie deviennent ses ennemis. A mesure que l'écart entre les nantis et les dému