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Libération
Critique

Le chaos tchétchène vu par Anna

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Théâtre. Aux Amandiers, Lars Norén met en scène son texte «A la mémoire d’Anna Politkovskaïa».
publié le 16 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 16 octobre 2008 à 6h51)

Noir sur noir. Le titre de la nouvelle pièce de Lars Norén, A la mémoire d'Anna Politkovskaïa, laissait présager la couleur du spectacle. Au soir de la première, le 7 octobre, qui est aussi la date anniversaire de l'assassinat de la journaliste russe, en 2006, Amnesty International faisait signer une pétition dans le hall du théâtre des Amandiers. Dans la salle, on découvre un décor un peu lourd de requiem, jonché de feuilles d'un noir poudré comme recouvertes de cendre, qui fait penser à l'œuvre du plasticien Pascal Convert, en hommage à la même Anna Politkovskaïa : une énorme souche d'arbre d'un noir d'encre posée sans précaution sur la laque d'un piano à queue. Lars Norén le dit lui-même : «C'est une pièce courte et terrible, la pire que j'ai écrite.»

La première scène, où une femme supplie son homme qui la bat de la tuer, jusqu'à ce que celui-ci lui envoie force coups de pieds dans le ventre, nous plonge directement dans l'enfer d'un pays dévasté par la guerre. Ce pays n'est jamais nommé, mais il ressemble fort à la Tchétchénie décrite par la journaliste russe dans la Novaïa Gazeta. Il n'y a plus rien, ni travail, ni argent, ni de quoi manger, sauf de la drogue. Tout est détruit, les gens vivent comme des rats. Les hommes sont morts à la guerre, les mères se prostituent et les enfants rabattent les clients, ou les dépouillent pendant que la chose se fait.

Le principal protagoniste de cette histoire, un gosse de 9 ans, finit à la rue, violé puis