Soit six archétypes féminins. «Madame de Sade, explique Mishima, incarne la fidélité conjugale ; sa mère, Mme de Montreuil, l'ordre social et la moralité ; Mme de Simiane, la religion ; Mme de Saint-Fond, l'appétit charnel ; Anne, sœur de Mme de Sade, la candeur féminine et le manque de principes ; la servante, Charlotte, les façons populaires.» L'écrivain japonais écrivit Madame de Sade (1) cinq ans avant son suicide. Fasciné, disait-il, par «l'énigme de la fidélité». Pourquoi Renée, marquise de Sade a-t-elle aussi longtemps soutenu son mari ? Et pour quelle raison l'a-t-elle abandonné au moment où il retrouvait la liberté ?
Automates. Pour répondre - ou pas - à la question, il imagine moins une pièce historique qu'une partie d'échecs qui se développe sur le mode de l'affrontement et de l'élimination. Forces et faiblesses des personnages sont connues d'avance, aucune ne sort de sa logique. Il n'y a pas de suspense psychologique, mais un jeu de tensions qui pousse chacune jusqu'au bout de son rôle. La pièce de Mishima est de ce point de vue parfaitement sadienne : elle ne laisse d'échappatoire à personne.
Au théâtre des Abbesses, le metteur en scène, Jacques Vincey,met à nu la mécanique de cette machine de guerre. Dans leurs robes-cages munies de roulettes, les actrices à perruques ont des airs d’automates, de danseuses tournant au fond d’une bouteille. Le décor rappelle un échiquier dont la servante (Alain Catillaz, seul ho