Mathilde est revenue. Il est probable que Bernard-Marie Koltès a eu Brel dans la tête au moment d'écrire le Retour au désert, son avant-dernière pièce. Mathilde est revenue à Metz, dans la maison familiale où habite Adrien, son frère. Elle arrive d'Algérie, avec ses valises et ses deux enfants. Elle a cru quitter la guerre mais la guerre ne l'a pas quittée. Dès la première scène, les hostilités sont déclenchées entre elle et son frère. La cohabitation va se révéler plus que chaotique.
Drôle de pièce : Koltès l’avait écrite spécialement pour Jacqueline Maillan et Michel Piccoli. Pour eux, il était revenu à un théâtre de facture apparemment classique, un vaudeville dans une maison bourgeoise avec règlements de compte en famille et domestiques écoutant aux portes qui claquent.
Lors de la création de la pièce en 1988 au théâtre du Rond-Point à Paris, si la confrontation entre Maillan et Piccoli tenait à peu près ses promesses, la mise en scène de Patrice Chéreau semblait empesée, comme si lui-même doutait de la portée d’un texte aux enjeux confus. C’est que le conflit ne concerne pas seulement les personnages, mais l’écriture elle-même. Dans la maison d’Adrien et Mathilde, Koltès rapatrie des thèmes qui lui sont chers : le rapport de forces, la peur, l’engrenage de la violence, la fascination de l’étranger.
Haine de l'autre. Si les personnages se déchirent entre eux, c'est qu'ils sont aussi déchirés de l'intérieur par le désir ou la haine de l'autre. Mathi