Dans leur chapelle transformée en centre chorégraphique, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche s'autorisent de drôles de jeux qui font frémir. Ils se moquent pas mal de faire des spectacles qui pourraient paraître désuets, esthétiquement dépassés. Ils s'habillent d'ailleurs de la même façon, à côté de la plaque. Mais lorsqu'ils sont eux-mêmes, comme c'est le cas pour la reprise de leur création Phobos, ils sont irrésistibles, happés par une folle spirale.
Spasmes. Dix-huit interprètes, dont les chorégraphes, envahissent la scène de leurs peurs légitimes et paranoïaques. La première partie de la pièce se déroule loin du public, cantonné derrière une chaîne comme dans certains musées. Au lointain donc, le corps de ballet commence à grimacer, à se tordre. Spasmes, secousses, jusqu'au mouvement final en ribambelle. Tous sont promis à la mort dans cet espace qui est une chambre à gaz, une morgue. La composition irréprochable joue sur un ensemble qui toutefois fait la part belle à des quintets, des trios.
Puis les gens sont invités à s'asseoir sur des chaises disposées sur le plateau, ou bien sur des petits gradins. Le sol est jonché de boîtes de médicaments. Il y a aussi beaucoup de paquets de cigarettes. Dire que ces vestiges n'ont même pas pu calmer les angoisses, omniprésentes dans la seconde partie de Phobos… Les interprètes sont plus dispersés, comme s'ils ne dansaient que pour quelques spectateurs, ce qui crée une intimité, jusqu'à l'effleur