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Libération
Critique

Auschwitz sur le fil

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publié le 6 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 6 décembre 2008 à 6h51)

Auschwitz est-il figurable en marionnettes ? La question surgit forcément lorsque l'on découvre le camp miniature qui s'étend sur toute la surface du plateau du Théâtre 71 de Malakoff, où Kamp se joue dans le cadre du festival MAR.T.O. Les baraquements, les barbelés, les rails de chemin de fer, la devise «Arbeit Macht Frei», la grande cheminée, les pyjamas rayés… tout y est, chaque élément mesurant à peine quelques centimètres. Au beau milieu, tels des géants, les trois acteurs d'Hotel Modern, absorbés par la mise en place d'une scène qu'ils vont bientôt filmer.

Ceux qui connaissent la compagnie néerlandaise pour avoir vu son incroyable fresque sur la Grande guerre, savent qu'ils combinent marionnettes et vidéo, manipulant à vue en même temps qu'ils filment, si bien que le spectateur se trouve face au tournage d'un film d'animation dont il voit simultanément le résultat projeté en fond de scène. Ce n'est pas un hasard si la première séquence de Kamp est un chantier - la construction d'une seconde chambre à gaz.

De la même manière qu'Auschwitz a été bâti de toutes pièces pour tuer, les trois artistes (assistés d'une quinzaine de personnes) ont façonné cet impressionnant décor en carton et ces 3 000 marionnettes pour montrer. Montrer sans commentaire les pendaisons, l'arrivée des trains, la foule hagarde avec les enfants, le gazage, les beuveries des nazis… Le spectacle est muet mais des capteurs placés sous le décor amplifient le son des coups, d