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Libération
Critique

Les pétrifiés en mouvement

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Danse. Fouille inaboutie de Pompéi par Caterina Sagna, à la Bastille.
publié le 11 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 11 décembre 2008 à 6h51)

Qu'une chorégraphe prenne pour sujet Pompéi, ses ruines et ses pétrifiés ne peut qu'être alléchant. Que l'immobilité ad vitam aeternam produite par la lave d'un volcan soit la référence d'une chorégraphie est un exercice réjouissant. La chorégraphe italienne Caterina Sagna, basée à Rennes depuis 2005, est partie bille en tête dans cette aventure qui remet en cause bien des idées reçues sur la danse et ses interprètes, sur cet art dit du mouvement. Mais quel mouvement? Cela pourrait être la question que pose le spectacle, deuxième volet d'un travail de fouilles sur Pompéi. La scène propose deux espaces : celui du plateau, réservé à un trio masculin, et celui du décor de voiles blancs, qui servent d'écran à la projection de vidéos où trois femmes de corpulences et d'âges différents entretiennent un dialogue avec les danseurs, vivants, qui n'en sont pas moins pétrifiés, médusés.

Le dispositif est simple et fonctionne ; le travail est des plus sérieux et les interprètes imposent des formes, des masses, des mobilités spécifiques, jusque dans l’art de la grimace. Les hommes, couleur craie, sont comme saisis dans leur fuite, dans leur lutte pour la survie. Les femmes semblent plus altières, déjà statufiées.

C'est drôle, les danses sont volontairement populaires et libres et l'on pourrait s'en satisfaire. Mais on ne saisit guère ce que Caterina Sagna a vraiment voulu dire. Son investigation n'atteint que les couches superficielles et aucune craquelure sérieuse ne vient menace