En 2000, «après vint années à courir sur le fil», le funambule Antoine Rigot a chuté. Corps brisé, il a mis plus d'un an à se relever pour constater qu'il ne marcherait plus jamais dans les airs. C'est par le récit de cet accident que s'ouvre le Fil sous la neige, rare spectacle entièrement funambule pour sept interprètes et trois musiciens, qui marque le retour à la piste d'Antoine Rigot. Assurément l'une des plus belles créations cirque de ces dernières années, car mue par la nécessité d'un homme qui, on le voit en lever de rideau, doit livrer combat à chaque pas contre le handicap.
Poignant duo. Il est vrai que le fil est un art hautement métaphorique. Au terme d'une heure et demie de prouesses de la part d'interprètes tous plus impressionnants les uns que les autres, l'ancien virtuose au corps de guingois revient pour un poignant duo avec Agathe Olivier - celle avec qui il fonda la Volière Dromesko voilà dix-huit ans. Ce final apaisé où on le voit progresser au sol sur l'ombre du fil de sa compagne, auquel il se tient délicatement, posant un pied devant l'autre avec difficulté, constitue le moment le plus marquant. C'est sans doute là que s'exprime au mieux cette solidarité, cette écoute de l'autre, qui prévalent tout au long du Fil sous la neige, lorsque filles et garçons se font la parade.
Sans ces interprètes, sans leur incroyable énergie et le bel esprit de troupe qui a prévalu tout au long du travail, Antoine Rigot n'aurait