Le chorégraphe allemand Raimund Hoghe est, chose certaine, un fidèle. Fidèle du répertoire des ballets russes et plus particulièrement des espiègleries chorégraphiques très sérieuses de Nijinski. Après avoir revisité le Sacre du printemps, créé sur mesure pour le danseur Emmanuel Eggermont, Hoghe récidive. Il n'a pas d'attachement particulier au répertoire mais, à partir du grenier qu'est sa mémoire, il peaufine ses carnets intimes, ce qu'il avait mis en scène d'une manière paroxystique dans Meinwärts.
Il n'est pas incongru que ce créateur s'intéresse à l'œuvre de Nijinski, à ce curieux Après-midi d'un faune, sur une musique de Claude Debussy, inspirée d'un poème de Stéphane Mallarmé. Ce ballet, ou plutôt cette pièce de 1912, qui traite de l'onanisme et qui fit scandale à l'époque, est à la fois une provocation et un acte chorégraphique fort, Nijinski ayant renoncé à tout ce qui fondait la danse : la superbe, la prouesse, le rapport frontal.
Rituels.Hoghe a coutume de faire de ses propres chorégraphies des rituels : dans la manière de se déplacer, dans les pauses, dans les offrandes. Ce Faune, déjà présenté cet été à Montpellier Danse, doit lui convenir comme un gant, notamment parce qu'il propose des phases de contemplation. Car Hoghe est un contemplatif, qui n'a de cesse de regarder et d'épier le geste du danseur. Comme Marguerite Duras écrit l'Après-midi de Monsieur Andesmas, le chorégraphe signe l'Après-midi