Menu
Libération
Critique

«Montaigne» ou la pensée en marche

Article réservé aux abonnés
Théâtre. A Montreuil, Thierry Roisin adapte les «Essais» du philosophe du XVIe siècle dans un envoûtant voyage immobile.
publié le 20 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 janvier 2009 à 6h51)

Le décor est un tapis roulant. Dans les coulisses, s’affairent quatre bagagistes qu’on n’aperçoit jamais. Ce sont eux qui nourrissent la bête, y déposent un bric-à-brac qui tient du vide-grenier. Fripes, ustensiles et bassines, malles et cartons, rouleau de faux gazon, vraies tourterelles… Chaque accessoire n’a droit qu’à un petit tour : ici, on ne repasse pas les plats.

Eloge. Sur le tapis, un homme marche, souvent à contre-sens, évite un objet, en ramasse un autre. Il réfléchit à haute voix et ses réflexions, que l'auteur nomme ses «fadaises», suivent le mouvement. Toujours changeantes - «le monde n'est qu'une balançoire perpétuelle», elles fonctionnent par «sauts et gambades» : associations, bifurcations, retours en arrière. Nulle précipitation dans cet éloge de la pensée en mouvement : si le tapis ne s'arrête jamais, il lui arrive d'avancer imperceptiblement. L'homme, pour sa part, n'est guère plus pressé qu'un mime en sa marche immobile. Un voyageur paisible : telle est l'image que l'acteur Yannick Choirat prête à Montaigne dans ce spectacle imaginé par Thierry Roisin à partir d'extraits des Essais et créé il y a un an à la Comédie de Béthune, qu'il dirige.

Sur les voyages en général et sur les Français en voyage en particulier, Montaigne a écrit des pages que l'on pourrait mettre en exergue de tous les guides touristiques d'aujourd'hui : «La diversité des façons d'une nation à l'autre ne me touche que par