Prenez une Fanny Ardant. Mettez-lui une perruque blonde au carré ; enrobez-la d'une robe de gala satinée pistache. Jetez-lui sur les épaules une fourrure doublée fuchsia. Placez-la sur un haut tabouret. Eclairez le tout d'un rond de lumière. Immédiatement se dessine une idée du glamour. Sensuelle et subtilement surannée. Vous aurez beau demander à «la fille» de vous raconter son quotidien pathétique de chanteuse minable, rien n'y fera. Là, les jambes croisées, «lente et désinvolte», soutenue à gauche et à droite par deux boys, votre Fanny Ardant brille de mille feux. Vous n'y pouvez rien. C'est le problème ou plutôt l'enjeu de ce Music-Hall, pièce écrite par Jean-Luc Lagarce en 1989 et montée par Lambert Wilson aux Bouffes du Nord, à Paris. Fanny Ardant a beau incarner cette chanteuse gentiment caractérielle dont la pauvre carrière est en train de se noyer sous nos yeux, dans le silence de salles miteuses, elle est formidable.
«Luxe dangereux». Que reste-t-il à un acteur si on lui enlève sa béquille de la crédibilité ? Un immense terrain de jeu, semble dire Fanny Ardant. Puisqu'elle ne saurait être «cette fille»-là (et pour cause), elle propose autre chose. Une évocation, un portrait. Non moins casse-gueule. Choisir Fanny Ardant c'était s'offrir «un luxe dangereux», concède Lambert Wilson, au risque que la star (la vraie) asphyxie son personnage. Ce ne sera pas le cas. Elle a trouvé une distance presque idéale pour