Cap au sud : Manca solo la domenica (Il ne manque que le dimanche), présenté dans le cadre du festival le Standard idéal, est une affaire de femmes, née d'une rencontre entre Silvana Grasso, romancière sicilienne, et Licia Maglietta, actrice et metteuse en scène.
La seconde a été séduite par un recueil de nouvelles de la première, intitulé Pazza e la luna (Folle est la lune). Et surtout par l'histoire de la femme qui voulait être veuve. Native du village de Tagliaborse («Coupebourses»), près de Giarre, Borina est abandonnée peu après le mariage par un conjoint qui file en Australie. Toujours mariée aux yeux de l'état civil, elle décide de devenir veuve par procuration en adoptant six époux défunts : tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, elle prend le bus ou le train et s'en va fleurir une tombe à l'abandon dans six villages éloignés. Borina s'invente ainsi une raison de vivre et de vieillir. Jusqu'au jour où, trente ans plus tard, le vrai mari débarque.
Maglietta s’empare de cette histoire avec jubilation. Elle en savoure chaque mot et revisite une figure d’éternel féminin méditerranéen, vestale des apparences, sévère et retorse, toute de noir vêtue. La connivence qu’elle instaure avec le public ne doit pas grand-chose à son personnage - Borina n’est pas femme à susciter la sympathie - et beaucoup à son talent de comédienne habituée à faire rire. Dans son ombre, l’accordéoniste Vladimir Denissenkov est autant le faire-valoir que le souffre-douleur,