Après la Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade en 2007, voici que Christine Letailleur se penche sur le cas Sacher-Masoch en adaptant à la scène saVénus à la fourrure(créée en novembre au TNB de Rennes). Une suite qui pourrait sembler logique dans le parcours d'une metteure en scène plutôt adepte de textes sulfureux - on lui doit aussi Médée et Pasteur Ephraïm Magnus de Hans Henny Jahn - tant les noms de Sade et de Sacher-Masoch sont associés dans l'histoire collective, ne serait-ce que par l'utilisation de leurs patronymes pour désigner des perversions sexuelles opposées, voire complémentaires.
Pourtant, si les écrits de Sade sont tout entiers traversés par l’esprit de la Révolution et des Lumières, ceux de Sacher-Masoch, un siècle plus tard, doivent davantage à l’héritage romantique et au brassage culturel qui est alors celui de l’empire austro-hongrois dans lequel il grandit. Né en 1836 de parents russes, en Galicie, une province polonaise annexée par l’Autriche, le jeune Léopold, d’ascendances bohémiennes, slaves et espagnoles, est très tôt confié à une nourrice ukrainienne qui abreuve ses jeunes années de légendes slaves.
Esclave. De fait, perce, dans sa Vénus - où les dieux antiques parlent aux humains en rêve -, un goût du magique et de la narration propre aux contes. Certes, comme chez Sade, sexe et politique sont intimement liés. Transgressant l'ordre social du mariage, l'homme se livre comme escla