En réunissant dans un même programme trois grands artistes qui n'ont jamais quitté le répertoire et qui sont des repères pour la danse néoclassique, le Ballet de l'Opéra de Paris permet de mieux saisir la diversité du vocabulaire issu du classique. C'est la Suite en blanc de Serge Lifar qui ouvre la soirée, sur la musique d'Edouard Lalo. «Véritable parade technique, bilan de l'évolution de la danse académique», selon l'auteur, ce ballet abstrait est une succession de petites études qui mettent en valeur les qualités de chacun des interprètes : Karl Paquette dans la Mazurka, Aurélie Dupont dans les volutes de la Cigarette, Delphine Moussin et Matthieu Gano amoureux distants dans l'Adage. Hommage à l'école française, ce spectacle, froid et très élégant qui ne narre rien, n'est au service que la danse et du mouvement pur.
Tout autre propos avec l'Arlésienne de Roland Petit sur la musique de Georges Bizet. Si le ballet démarre assez poussivement par des ensembles folklorisants, il prend tout son sens en se resserrant autour de deux personnages clé, Vivette et Frederi, promis l'un à l'autre. Mais les charmes de l'Arlésienne qui enlaça le futur époux rôde encore. La nuit de noces vire au cauchemar : la chambre devient un tombeau et Frederi se jette dans le vide. Jérémie Bélingard rayonne, fou d'amour, comme ivre mort. On pense à Van Gogh. Clairemarie Osta joue, elle, la douleur de la jeune femme modèle.
Le troisième ballet est un