Quel choc ! D'Ivo Van Hove, déjà invité à Créteil, on avait vu au dernier festival d'Avignon une trilogie shakespearienne (Coriolan, Jules César, Antoine et Cléopâtre) où l'inventivité du dispositif scénique - avec les spectateurs présents sur le plateau - était relayée par un travail dramaturgique et des acteurs remarquables.
Jeune femme. Cries and Whispers (Cris et Chuchotements), encore visible ce samedi au festival Exit de Créteil, concentre et amplifie tout cela. On y retrouve le talent d'Ivo Van Hove et des acteurs du Toneelgroep Amsterdam pour dilater ou contracter le temps sur un plateau transformé en organe mécanique, pareil à un cœur artificiel qui s'affole ou ralentit selon les heures.
Organique, le spectacle l’est au sens le plus trivial. Sur son lit de malade, une jeune femme agonise sous l’objectif d’une caméra. Rien n’est épargné de la souillure des draps et de la chemise de nuit, ni de ses gestes fantomatiques quand elle se lève pour s’asseoir sur le sceau hygiénique. C’est l’heure du vomi, du sang, de la merde, de l’urine quand le corps lâche, mais la vie s’accroche encore un peu.
Pour le public, l’ultraréalisme de ces images et leur insupportable crudité ne sont tenables que parce que l’on peut s’en détacher. D’autres éléments sur le plateau - cloisons vitrées, meubles, matériel de télévision, table de cuisine dans le fond - attirent le regard. On n’est pas forcé d’être au chevet de la malade. D’ailleurs, les femmes q