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Critique

Thierry Baë, les bénéfices du doute

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Danse. A Chaillot, le chorégraphe imagine une fausse conférence hilarante et érudite.
publié le 7 avril 2009 à 6h51
(mis à jour le 7 avril 2009 à 6h51)

Thierry Baë n'est pas très repérable. Passé par les beaux-arts de Reims, élève de Marcel Marceau et assistant d'Etienne Decroux, adepte de tai-chi-chuan, musicien, il n'a pas de compagnie fixe, encore moins de centre chorégraphique. On le voit apparaître en tant qu'interprète dans différentes structures, chez Diverrès ou Josef Nadj. En 1985, il crée Sans arrêt et disparaît pour présenter, dix ans plus tard, la Source. Il passe plus ou moins inaperçu jusqu'à revenir sur le devant de la scène en 2005 avec son Journal d'inquiétude où il mêle habilement le vrai et le faux, un brin d'autobiographie et beaucoup de pensées sur un monde de la danse assez étriqué. Lui, il vit près de Manosque dans les Alpes-de-Haute-Provence, en pleine nature, pour prendre soin de son souffle. C'est de là que partent ses aventures qu'il met en scène avec de l'humour et beaucoup de distance.

Pas vraiment des chorégraphies, ses pièces ressemblent plutôt à des conférences dansées et filmées, où il explique comment un danseur vieillit, comment les commandes se passent, comment le marché détermine les produits, comment les interprètes deviennent de simples exécutants. Il nous amuse sur des sujets graves et on lui donnerait le bon Dieu sans confession si, derrière un discours faussement léger, ne se cachait un vrai désarroi de la profession.

Au Théâtre de Chaillot, Thierry Baë revient sur une de ses aventures portées à la scène en 2003. Dans Tout ceci (n')est (pas) vrai, i