«Ce crime est un crime dont on ne se lasse pas», écrivait Marguerite Duras dans Libération du 17 juillet 1985 à propos de «l'affaire Grégory», dans l'article paru sous le titre de «Sublime, forcément sublime Christine V.». D'autres crimes, avant celui-là, elle ne s'était pas lassée. Jean Genet avait écrit les Bonnes en écho au carnage des sœurs Papin, qui fascina aussi Jacques Lacan. Pour Duras, ce fut le crime d'Amélie Rabilloud, jugée en décembre 1949 par la cour d'assises de Versailles, pour avoir tué et dépecé son mari, avant d'en éparpiller les morceaux dans les égouts et les terrains vagues de Savigny-sur-Orge. Sans jamais fournir de véritable explication à son geste.
Rayonnante. De cette affaire, Duras se servit pour publier, en 1959, les Viaducs de la Seine-et-Oise, une première pièce qu'elle disait «détester», et qu'elle réécrivit sous forme de roman, en 1967. Elle l'adapte pour le théâtre l'année suivante. L'Amante anglaise (1) se rapproche de la vraie histoire. C'est la femme, qu'elle renomme Claire Lannes, qui est l'auteure du meurtre. La victime n'est pas son mari, mais Marie-Thérèse Bousquet, une cousine sourde et muette qui vivait chez elle. Les morceaux du cadavre, elle ne les a pas jetés dans la rue, mais d'un pont de chemin de fer, sur les trains de marchandise qui passaient. Adaptée du roman, la pièce met en scène le mari - Pierre Lannes - et la meurtrière, successivement questionnés pa