Menu
Libération

Planchon Rideau

Article réservé aux abonnés
Disparition. Le metteur en scène, grand modernisateur du théâtre français, est mort mardi soir à l'âge de 77 ans.
publié le 14 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 mai 2009 à 6h51)

Quelle énergie ! Cou de taureau, phalanges de paysan, force tranquille, le genre de type dont on n'aurait surtout pas voulu prendre la poignée de main sur la figure. Un lutteur donc, mort debout, c'est-à-dire chez lui, une pièce de théâtre à la main, sans autre signe avant-coureur qu'un peu de «fatigue». Fauché mardi soir par une crise cardiaque à 77 ans (il était né le 12 septembre 1931), Roger Planchon aura passé soixante ans à se battre pour la scène et la cité. Du théâtre français de la seconde moitié du XXe siècle, il restera moins comme le révolutionnaire que comme le modernisateur, le grand artisan d'un spectacle total, qui à l'intrigue linéaire préfère la juxtaposition des actions.

Picaresque. Si l'idée qu'il puisse se passer plusieurs choses à la fois sur un plateau de théâtre est une évidence aujourd'hui, c'est à Planchon qu'on le doit largement, lui qui s'attacha à donner aux seconds rôles mieux qu'une épaisseur : une vie propre. Quand il met en scène Molière (Tartuffe en 1962 et en 1973, ou Georges Dandin en 1958 et 1987), ce n'est pas seulement la pièce, mais toute la maison qui reprend vie autour, et la politique qui se réinvite au salon. Théâtre de la Cité ouvrière : le nom de la salle où il s'installe en 1957 à Villeurbanne résonne bel et bien comme un manifeste.

Figure par excellence du metteur en scène moderne, il est tentant de l’opposer au chef de troupe Jean Vilar, son prédécesseur au Théâtre national