«En France, il n'existe pas de ce que vous appelez pauvres…» : le discours officiel s'échappe d'un poste de radio ou de télévision que, manifestement, personne n'écoute dans ce bar vide aux murs défraîchis… Fond sonore à l'entrée des personnages sur scène, les quelques phrases donnent le ton d'A la vie !, une pièce à la fois profonde et légère. Et puis c'est la vie qui commence : José, Jacquot et Patrick sortent de leur mission intérim, deux jours payés à la fin du mois. Il n'y en aura peut-être pas d'autre d'ici là. Les trois potes rejoignent le cabaret de Joséfa, la strip-teaseuse qui refuse de montrer un cul qui a cessé d'être, malgré ce qu'affirme son homme, tout en lorgnant celui de Vénus, la jeune droguée, «le plus beau de Marseille». Les tournées de pastaga s'enchaînent, servies par José, qui note sur son carnet l'ardoise qui ne se réglera pas de si tôt.
Avec Marie Sol, sa sœur qui a épousé Patrick, leur père en fauteuil roulant et Otto, Allemand à la retraite dont on devine un passé trouble, c'est le portrait d'une famille composée de toutes pièces que brosse Jean-Louis Milesi en adaptant le scénario d'A la vie, à la mort, le film de Robert Guédiguian - avec qui il a l'habitude de collaborer au cinéma. Cabossée, un peu sale, pauvre et parfois idiote, mais famille quand même. En évitant les écueils de l'apitoiement racoleur et du voyeurisme, Pierre-Loup Rajot met en scène une œuvre sensible à l'accent chantant, bien interprétée, qui