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Critique

«Nina…», ou la musique de Michel Vinaver

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Théâtre. A la Colline, une pièce des années 70 menée sur un bon tempo par trois acteurs qui s’amusent.
publié le 3 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 3 juin 2009 à 6h52)

C’est un texte qui fleure bon les années 70, versant utopie souriante. Un ménage à trois, qui met aux prises deux frères quadragénaires, l’un ouvrier d’usine, l’autre garçon coiffeur. Nina, la jeune shampouineuse qui s’invite chez eux, leur offre joie de vivre et liberté sexuelle.

La pièce est contemporaine des Valseuses, le film de Bertrand Blier. Et la Nina de Vinaver rappelle Marie-Ange, la bien nommée héroïne du film qu'interprète Miou Miou. Chronique douce-amère d'une révolution domestique et comédie du bonheur prolétarien, le charme de Nina (1)… pourrait être celui d'une certaine désuétude, la photo jaunie d'une fille nue dans la baignoire avec deux olibrius plus ou moins chevelus (scène VIII dans la pièce).

Motifs. Pourtant, c'est autre chose. Si la pièce résiste bien au temps - alors même qu'elle ne prétend pas au statut d'œuvre majeure -, c'est d'abord une question de forme. «Pièce en douze morceaux» : tout est dans le sous-titre.

Il y a chez Vinaver un art de la composition qui emprunte beaucoup à la musique (comme il existe, dans le théâtre de Copi, qui lui aussi vieillit bien, un instinct pictural de l’intrigue). Ainsi, Vinaver s’y entend en répétitions de motifs, et variations sur un même thème. Les merguez-purée, servies au douzième et dernier tableau, sont l’équivalent musical du rôti de veau-épinards du deuxième tableau, et renvoient aussi au petit salé aux choux du milieu de la pièce.

Doigté. Il a également le