L’homme forme un arc avec son bras, son poing fend l’air dans un mouvement de va-et-vient, du sol vers le plafond. Sa tête suit, les longs cheveux fouettent son visage. Le mouvement est répété et cesse, sans raison apparente. Il semble ne pas entendre la voix de cette femme qui parle à ses côtés.
Etrangeté. Dans un hôpital psychiatrique, on le diagnostiquerait «autiste». Sur la scène parisienne du théâtre de la Cité internationale, qu'il occupe depuis jeudi et jusqu'à demain soir, Thierry Thieû Niang est «artiste». A la faveur d'un changement de lettre, l'étrangeté devient acceptable. Cela lui permet de prendre des postures qui n'obéissent à aucune logique apparente, mais qui sont tolérées, et même célébrées. De «chaotique», le geste devient «poétique».
En rencontrant des enfants et adolescents autistes depuis bientôt quatre ans, le danseur s'est confronté à des corps qui ne parlent pas un langage intelligible. A l'origine de ces face-à-face, une invitation de l'Institut médico-éducatif d'Aix-en-Provence. Des jours entiers à tenter d'établir un contact avec de jeunes internés, de 7 à 20 ans. Parfois, au terme de quarante-cinq minutes au cours desquelles il avait tourné autour de son partenaire, pris place derrière lui, allongé son torse à ses pieds… il n'obtenait «qu'une» traction du bras. Mais hors de question de forcer le corps de l'autre : Niang trouvait ce geste, dans son apparente simplicité, «beau».
L'enjeu était aussi de s'adapter à un autre ry