Des arts de la rue sans transgression et sans trouble à l'ordre public, c'est inconcevable. Mais où fixer les limites ? Quand l'an dernier à Aurillac, les danseurs de la compagnie de danse Jeanne Simone s'allongent sans prévenir sur la chaussée devant les voitures, ou envahissent ex abrupto une banque pour y semer la pagaille, les forces de l'ordre ont de quoi devenir nerveuses. Mais il n'y a pas eu de blessés.
Les chartes que les associations gérant les festivals signent avec les municipalités fixent des bornes très variables au désordre public. Certains de ces textes stipulent par exemple qu'il ne peut y avoir dans les spectacles «d'expression politique partisane». Cela peut suffire à écarter de certains festivals un spectacle comme le Cri, où quelques formules sarkoziennes fameuses, comme le «La France, on l'aime ou on la quitte», ne sont pas énoncées ici pour être applaudies.
Tout le spectacle de Kumulus est une incitation à la révolte qui, pour revêtir une forme artistique, n’en est pas moins efficace. Une dizaine de comédiens, chacun doté d’une «table-théatre» sur roulettes, foncent dans le public et se mettent à raconter tous ensemble leurs rêves et leurs utopies, à partir de divers objets. Les premières minutes sont déroutantes, mais toutes les autres sont galvanisantes.
Les limites peuvent être physiques : la démesure des spectacles de Royal de Luxe, notamment leur série des géants, leur interdit de fréquenter les villes qui ne sont pas prête