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Libération
Enquête

«Le Cri» de la rue

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Les spectacles engagés des arts de rue peinent à exister, à l’image de la compagnie Kumulus, dont la pièce a effrayé nombre d’organisateurs.
publié le 9 juin 2009 à 6h56
(mis à jour le 9 juin 2009 à 6h56)

Cette semaine, dans le XIe arrondissement, les Parisiens pourront bénéficier gratuitement d'un spectacle percutant, sauvage, enthousiasmant. Mais sans avenir. Appel à la révolte qui ne craint pas de bousculer son public (ravi de l'être), le Cri, de la compagnie de théâtre Kumulus, a fait peur à la plupart des programmateurs de festivals d'arts de la rue (1). Au point d'être condamné faute de diffuseurs. Pour «finir en beauté», comme le dit le créateur de la compagnie Barthélémy Bompard, le spectacle sera donné quatre soirs de suite au stade Ménilmontant, dans le cadre de Onze bouge. Ce petit festival aux faibles moyens n'a pu payer qu'une soirée, les trois autres étant offertes par la troupe (2).

Frilosité. Kumulus n'est pas la seule compagnie à faire les frais de la frilosité croissante des festivals. Le spectacle En campagne, de Générik Vapeur, dont les héros tragiques sont des hommes politiques en tournée électorale, a lui aussi beaucoup de mal à se produire. Les interventions décapantes et spectaculaires des compagnies Cacahuète, Metalovoice, Princesses peluches ou encore du Théâtre de l'unité suscitent de la même manière pas mal de réticences chez les élus locaux, ou chez les bien-pensants. «Quand le théâtre de rue s'aventure sur le terrain du politique et du social, ou bien joue avec les tabous, les portes se ferment quelle que soit la qualité des spectacles», constate Jean-Marie Songy, directeur artistique