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Libération
Critique

Jean-Pierre Vincent au bout d’Ubu

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Théâtre. La pièce de Jarry dans une mise en scène rabelaisienne à la Comédie-Française.
publié le 10 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 juin 2009 à 6h51)

Catulle Mendès, fondateur de la Revue fantaisiste, ne s'y était pas trompé qui, au lendemain de la première - et dernière - d'Ubu roi au théâtre de l'Œuvre, le 10 décembre 1896, saluait une «énorme parodie malpropre de Macbeth, de Napoléon et d'un souteneur devenu roi», prédisant : «Le Père Ubu existe désormais, inoubliable. Vous ne vous débarrasserez pas de lui.» De fait, le personnage inventé par Alfred Jarry, inspiré du père Hébert, prof de physique au lycée de Rennes, est devenu, par un destin inouï, la figure du tyran universel. Comme le rappelle le metteur en scène Jean-Pierre Vincent, «tous les autocrates et autres bouchers du XXe siècle se trouvent pris dans son portrait».

Imbibé. Le premier mérite de l'Ubu roi qu'il crée à la Comédie-Française est de revenir aux sources de l'aventure. Sur scène, un escogriffe à moustache en crocs astique son vélo avant de bredouiller quelques mots d'introduction : l'auteur en personne, idéalement interprété par Christian Gonon, qui n'oublie pas que Jarry avait une double réputation d'imbibé perpétuel (deux litres de blanc et trois absinthes avant midi) et de force de la nature vélocipédiste (même pas bourré).