En 1978, Ea Sola, arrivait en France avant de repartir au Vietnam en 1990. Performeuse, interprète du chorégraphe japonais Min Tanaka dans son Sacre du printemps, la danseuse chorégraphe s'est toujours tenue loin de l'institution, par hasard, par nécessité, par sauvagerie, par impossibilité à négocier. Son parcours est singulier. Après ses performances en France, elle entreprend des recherches au Vietnam sur les danses anciennes et les musiques traditionnelles, tout en menant un travail sur la mémoire de la guerre. Elle crée quatre pièces, avant d'interrompre de nouveau son travail scénique pour le reprendre en 2005. Pannes, suspensions ? Nullement : Sola n'a pas de territoire privilégié, elle est tantôt en Asie, en France, aux Etats-Unis.
«Folie». Actuellement, alors qu'elle présente sa dernière pièce à Paris, telle une «détective privée», elle poursuit en Asie son investigation sur les gens, le travail et la nourriture, tout en songeant à revenir à une certaine sauvagerie.
De cette France d'où elle est aussi, elle défend «le patrimoine immatériel collectif de la modernité». En s'appuyant sur le Discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie (1548), persuadée qu'il est trop tard «pour être pessimiste», elle interroge : «La modernité a bâti un système de pensée et de liberté qui a construit la démocratie ; pendant cinq cents ans, nous avions bâti la modernité, mais nous ne la pensons plus ; or, c'est