Grande voyageuse, Pina Bausch était viscéralement attachée à sa région d’origine, au sud de la Ruhr, même si elle passait tous les ans plusieurs semaines dans une ville et un pays différents, et avait promené ses spectacles aux quatre coins de la planète.
Haribo. Un pays de vallons et de bois, de charbon et de fer, où les cheminées d'usine côtoient les prés en fleurs et où les fumées ont parfois le parfum de fraise chimique de la fabrique de bonbons Haribo. A Solingen, la prolétaire, elle a passé son enfance dans le café paternel (le fameux Café Müller). Un lieu sur lequel elle s'est toujours montrée discrète et qui n'existe sans doute plus depuis longtemps. Essen-Werden l'aristocratique n'est qu'à 30 kilomètres.
Elle avait 15 ans quand elle entra à la Folkwangschule pour y étudier la danse. Installée dans un palais XVIIIe siècle, dans un cadre bucolique au bord de la rivière Ruhr, la prestigieuse école fondée par Kurt Joos, maître de l'expressionnisme et de la danse moderne, forme toujours des générations d'artistes venus de toute l'Allemagne. Comme enseignante ou comme directrice de l'école de danse, Pina n'a jamais coupé les ponts avec la Folkwangschule.
Troisième pointe du triangle, Wuppertal, qui s’étire tout en longueur au fond d’une vallée encaissée qui retient les nuages, entre friches industrielles, autoroutes et cheminées de briques. Seul monument, décliné sur toutes les cartes postales, le Schwebebahn, métro suspendu à un rail d’acier au-d