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Libération
Critique

Miroir, trop beau miroir de Keersmaeker

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Danse. Au Théâtre de la Ville, spectacle fragmenté de la chorégraphe belge.
publié le 2 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 juillet 2009 à 6h52)

Toutes lumières dehors, comme si l’on faisait une visite technique du théâtre de la Ville. La salle est autant éclairée que le plateau, qui dévoile ses armatures à plusieurs mètres au-dessus du sol, vide. L’homme qui avance porte un jean et un tee-shirt. Il fixe le public, puis se met à brasser l’air, tournoyer, courir. Un saut, et la lumière cesse, ne laissant que l’écho de sa chute. Quand les néons froids se rallument, leur reflet est tamisé par un voile de plastique transparent qui plane au-dessus de la scène. Un autre homme a pris place, immobile. Jean et tee-shirt de même. Puis noir, lumière, noir, lumière.

Entre chaque éclipse, les danseurs se succèdent, se retrouvent, dansent à plusieurs ou seuls, en silence. Différentes scènes alternent. Et le voile continue de marquer son empreinte sourde sur les planches. Techniquement, c’est du «PVC recyclable» ; poétiquement, on parle aussi de «feuille de miroir».

Cratères de lune. Sur ce plastique se réverbèrent différentes nuances de gris aluminium, au sein desquelles des tâches colorées, comme des électrons libres, vont et viennent. Ce sont les neufs danseurs et la danseuse que la Belge Anne Teresa de Keersmaeker agite, qui se reflètent dans cette feuille de miroir, froissée tel du papier de soie, laissant éclater par moments comme des cratères de lune sur le plancher. Au réel qu'incarnent les tenues des danseurs et les coulisses visibles, ce voile astral berce la scène dans la chimère, et rend attentif le publi