Branlettes à tout va, godemichés fourrés là où l'on peut, sens dessus dessous, courses au trophée de la meilleure jouissance, ventes aux enchères : le dernier spectacle de Jan Fabre, l'Orgie de la tolérance, déborde de partout, au premier degré. Dans la société de marchandisation, tout s'achète et se vend, se brade aussi. Ce sont les soldes cochons, Viagra ou pas, fusil à l'épaule ou dans le cul, avec des chariots de supermarché bourrés de produits inutiles, de chips grasses, de produits de vaisselle.
Farce. La scène est transformée en un bazar où envoyer valdinguer les cauchemars consuméristes. Même un Christ très bling-bling se promène éberlué, prêt à poser pour un magazine people. Cette farce que nous sert le metteur en scène et chorégraphe belge est drôle et n'épargne personne, même pas Fabre, ni le milieu de l'art si peu artistique parfois. Un couple emblématique, au salon, s'enquiert de ses dernières acquisitions pour compléter sa collection de juifs et de musulmans. Le cul, Dieu, l'amour, la jouissance, le désir : ici, tout est à vendre par quelques gros profiteurs.
Injures. Deux ans ont été nécessaires pour qu'aboutisse cette création collective concoctée avec neuf performeurs d'exception. Maître de ballet, Fabre convoque une fois encore ses guerriers de la beauté, sa milice personnelle, pour conjurer le déferlement de blagues salaces et racistes, se rapprocher des clins d'œil des Monty Python des années 70. Avant que tout s'a