Il y a bien sûr l'excitation du très long cours : les spectateurs qui s'installent peu avant vingt heures sur les gradins de la cour d'honneur sont censés n'en ressortir que vers sept heures et demi le lendemain matin. Depuis l'historique Soulier de satin mis en scène par Antoine Vitez en 1987, on n'avait jamais fait aussi long.
Accent québécois. Mercredi soir, pour la première, le vent frais de plus en plus marqué (couvertures pour tout le monde) n'a que peu dégarni les travées au fil de la nuit. Debout au salut, le public a applaudi la performance des acteurs, et sans doute un peu la sienne ; ce n'est pas tous les jours qu'on a le sentiment d'être aussi acteur de l'histoire. D'autant que le théâtre de Wajdi Mouawad (1), l'artiste associé du festival 2009, s'écoute sans effort - l'accent québécois de plusieurs de ses comédiens générant un surcroît d'attention, mais aussi de plaisir -, brasse des thèmes accessibles à tous - la famille, les origines -, et emprunte au polar (énigme, puzzle à reconstituer) pour s'inscrire dans un genre aussi vieux que la littérature - le voyage initiatique.
Les trois pièces présentées dans la cour d'honneur (2) ne sont pas inédites. Elles participent d'un quatuor que l'auteur a nommé le Sang des promesses, et dont il doit créer la dernière partie, intitulée Ciels, dans huit jours au festival.
Cela commence donc par Littoral, une pièce écrite il y a une quinzaine d'années que Mouawad a largement