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Libération
Interview

«Aux origines de la violence»

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Festival. La place du théâtre dans la société vue par le philosophe Jacques Rancière.
publié le 20 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 20 juillet 2009 à 6h52)

Jacques Rancière est philosophe. Ancien élève d'Althusser et théoricien de la politique comme «partage du sensible», il a beaucoup écrit sur le cinéma, les arts plastiques ou le théâtre. En décembre 2008, il a publié le Spectateur émancipé (éditions La Fabrique), où il montre comment la critique de la «société du spectacle» contribue à ce qu'elle dénonce. Le 12 juillet, Jacques Rancière était l'invité du Théâtre des idées (lire ci-dessous).

Dans quelle mesure votre réflexion sur l’«art politique» trouve à se nourrir dans ce Festival d’Avignon 2009 ?

Avignon est né de la conception du théâtre incarnée par Jean Vilar : le théâtre est «politique» ou «populaire», pas seulement parce qu’il s’adresse à un public populaire, mais comme institution qui permet à la communauté de se présenter à elle-même. Avec le recul des grandes espérances, le peuple est remplacé par l’humanité souffrante et le théâtre devient la cérémonie collective propre à exprimer nos interrogations radicales, à nous conduire aux origines communes de la violence et du langage. Prenez la programmation de cette année, construite autour de la guerre, notamment celle du Liban. Dans le cycle de Wajdi Mouawad (lire ci-contre), le théâtre est renvoyé à ses origines épiques, au barde aveugle qui raconte les racines de la querelle entre les humains. Il y a un aspect cérémonie de rédemption : à la fin, on enterre les morts, on remonte au secret d’une naissance… Cette logique de rituel dionysiaque, n