Un danseur, Kouider Naimi, aujourd'hui régisseur général au Ballet national d'Alger, a les larmes qui lui montent aux yeux. Des ouvriers enlèvent le plancher pourri sur lequel il fit ses premières arabesques à l'âge de dix ans. Disparition d'une époque liée au classique, au dur apprentissage avec des professeurs bulgares et soviétiques. Naimi a encore une photo où il pose avec Maïa Plissetskaïa. «J'ai tellement souffert et aimé ce métier que personne ne comprenait vraiment. Et, au fond de moi, j'ai toujours voulu faire de la danse contemporaine, devenir chorégraphe. Je crois que la venue de Françoise et Dominique Dupuy [figures du renouveau de la danse en France, dans les années 50, ndlr], y est pour beaucoup.» Kouider Naimi espère encore et toujours que l'art chorégraphique aura, un jour, ses lettres de noblesse en Algérie . «Vous savez, poursuit-il, nous avons toujours continué à danser. Pendant les années noires, nous partions en bus et allions sur le territoire même des terroristes. Ça passait ou ça cassait. C'était de la provocation et je suis vivant, c'est inouï, on a gagné. Parce que la danse, ce n'est pas si facile, même dans ma famille, c'est déjà un combat.»
Patio. Son vieux studio a été transformé en espace flambant neuf, avec des tapis de danse, des barres sans échardes. Quatre autres sont aménagés, ainsi qu'un bâtiment avec un charmant patio pour accueillir les artistes en résidence. Il y a aussi un petit théât