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Libération

Brillant comme «Quat’sous»

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Opéra . Bob Wilson présente l’œuvre de Brecht et Weill avec le Berliner Ensemble.
publié le 18 septembre 2009 à 0h00

La dernière des quatre représentations ce soir au Théâtre de la Ville affiche complet. Celles du mois d'avril joueront à guichet fermé. Tout effet de mode bu, rares les spectateurs qui sortiront déçus. La mise en scène par Bob Wilson de l'Opéra de quat'sous avec le Berliner Ensemble n'est pas seulement diaboliquement efficace ; elle est généreuse, attentive à l'œuvre, aux acteurs et au public, ce qui n'est pas le cas de toutes les productions du metteur en scène américain.

Putains. Elle prend son sens au fur et à mesure : plus le spectacle avance, plus il happe. Et quand même on croirait tout savoir de l'esthétique wilsonienne, de sa géométrie lumineuse, de son usage de la distorsion sonore, de la gestuelle mécanisée des interprètes, impossible de ne pas être cloué par un de ses traits de génie. Ainsi à la fin, dans la prison où Mackie attend son exécution, ces bruits de pas amplifiés qui évoquent exactement le battement d'une horloge ; espace et temps confondus et comptés.

Entre l’œuvre de Bertolt Brecht et Kurt Weill, et Wilson, une alchimie s’opère. Le livret demeure un modèle de dépouillement : la plongée dans la guerre sociale et les bas-fonds de Londres ne doivent rien à la psychologie, au romantisme ou au jugement moral. Policiers, mendiants, voleurs et putains ne vivent que par et pour le rapport de force. Qui voudrait ici démêler le bien du mal et le vrai du faux s’expose à des déconvenues, tant le texte n’arrête pas de saper les certitudes.