Dans la Mort de Danton, Georg Büchner retraçait les derniers jours du révolutionnaire avant son exécution, le 5 avril 1794. Puisant dans les documents historiques, Büchner donnait à entendre le moment où la Révolution bascule pour de vrai dans la terreur. «Je préfère être guillotiné que guillotineur» : le mot de Danton lâchant prise résume le moment où l'acteur devient victime. Rattrapée par la peur de la mort, l'illusion se fracasse, et la Révolution n'est plus qu'un ballet de jeunes gens tristes attendant leur exécution.
Evidence. Dans Notre Terreur, le metteur en scène Sylvain Creuzevault et le collectif D'ores et déjà reprennent l'affaire à l'instant précis où Büchner la laisse. Leur pièce, qui pourrait s'appeler la Mort de Robespierre, retrace les derniers mois de «l'Incorruptible» jusqu'à son exécution le 28 juillet (10 Thermidor) 1794. Elle puise aussi dans des documents d'époque, tout en inscrivant l'histoire dans le présent.
La première heure est sidérante d’évidence. Les membres du Comité de salut public tiennent séance autour d’une longue table, au milieu des spectateurs. Sandwichs, cigarettes, bouteilles de vin et verres en plastique, grands sujets et petites piques personnelles, les révolutionnaires de 1794 sont des militants d’aujourd’hui, dopés à l’enthousiasme et à la fatigue, obsédés par l’intérêt général, quel que soit leur niveau de sincérité, terrifiés aussi par l’œuvre déjà accomplie.
Jeu de rôles