Les stores ne masquent pas complètement les grandes baies vitrées du studio du Centre chorégraphique national de Grenoble. Les danseurs sont hermétiques aux va-et-vient du tramway, aux bicyclettes, aux passants et aux derniers rayons de soleil. Chaque minute est précieuse avant la première de l'Homme à tête de chou, chorégraphie de Jean-Claude Gallotta assisté de Mathilde Altaraz, musique d'Alain Bashung.
Entre deux réglages, les 14 interprètes se détendent, s’étirant sur de gros ballons. Jean-Claude Gallotta et Mathilde Altaraz sont aux aguets. Ils veillent à la cohérence, à l’équilibre des tableaux et surtout à la qualité du geste, à l’énergie des ensembles. Pas un mot plus haut que l’autre, mais plutôt des apartés pour des ajustements.
Une pause et, cette fois, les techniciens occultent complètement le lieu. C'est le dernier jour qu'ils filent en studio avant d'occuper le plateau pour la première de ce soir. L'ambiance change brutalement : tout est plus rapide, plus tendu : «Au départ, c'est très technique et puis, avec les filages, l'émotion revient.»
«totem». L'histoire de l'Homme à tête de chou n'en manque pas. Ce spectacle est construit sur des absences: celle de Marilou, l'héroïne du livret, de Gainsbourg et de Bashung. La maladie s'invite au milieu de l'enregistrement de l'album Bleu pétrole. Alain Bashung et Jean-Claude Gallotta s'étaient rencontrés en 2004 et Alain Bashung avait enregistré sa voix en 2006 sur la pr