C'est la veille de Noël, les parents sont au théâtre, les enfants prennent leur bain avec la nounou. Elle a du mal à les tenir : ils sont sept et ont entre 1 et 82 ans. Sur la scène du Nouveau Théâtre de Montreuil, la metteure en scène Agnès Bourgeois affuble ses comédiens de masques hydrocéphales qui leur donnent des corps d'enfants flottant dans des chemises de nuit. De digressions salaces en coq-à-l'âne, le bain tourne mal : «D'un seul coup de hache, la nurse nous a raccourci notre sœur.» Moins d'un jour plus tard, il ne restera plus grand-chose de la famille. Entretemps, on se sera baladé dans les bois où le bûcheron, amant de la nurse, coupe le sapin destiné à la maison ; au commissariat, où la police emmène la meurtrière ; et à l'asile de fous, où celle-ci est rapidement transférée. Une horloge égrène les heures d'un temps qui n'arrête pas de revenir en arrière.«Les heures passent comme un troupeau de mouton», remarque le loup. «Les heures passent comme une vertèbre d'estugeon», renchérit le lion - ou est-ce la girafe ?
L'auteur d'Un sapin chez les Ivanov s'appelle Alexandre Vvedenski, né à Saint-Pétersbourg en 1904, poète, dramaturge, membre de l'Oberiou (association pour un art réel), cousine russe du mouvement dadaïste. En France, on connaît mieux l'œuvre de son ami Daniil Harms, même si certains des textes de Vvedenski ont déjà été montés, notamment par Robert Cantarella.
Pochade absurde, Un sapin chez les Ivanov est d'abo