C'est en 1991 qu'on a découvert en France la journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch, grâce à la parution des Cercueils de zinc aux éditions Christian Bourgois. Un livre choc, construit à partir de témoignages recueillis auprès de mères de soldats de l'Armée rouge tués en Afghanistan, qui inaugurait une série de reportages au cœur de l'empire effondré. Avec l'ambition de donner la parole aux anonymes et aux oubliés de l'histoire.
Depuis, Alexievitch a publié notamment la Supplication (sous-titre : «Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse») et Requiem pour Beslan, après le massacre de septembre 2004 dans une école d'Ossétie du Nord.
Le metteur en scène Nicolas Struve a choisi pour sa part de s'intéresser à Ensorcelés par la mort, un texte de 1995 où se croisent les récits d'anciens membres du Parti communiste d'Union soviétique. Point commun entre Vassili, Margarita et Anna : ils ont tous les trois tenté de se suicider. Alexievitch a le chic pour restituer colère, dignité, désarroi, et pour donner aux mots de ses personnages une portée dramatique maximum.
La force de vérité qui se dégage des récits est le fruit d'un énorme travail de réécriture, au terme duquel les témoins d'Alexievitch sont également des héros tragiques. Didier-Georges Gabily, quand il avait mis en scène Des cercueils de zinc, un essai d'effraction, en 1992, avait à son tour retravaillé cette matière et imaginé une sorte de requiem en enfer, qui exigeai