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Libération
Critique

«2666», dense macabre

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Théâtre. Le Catalan Alex Rigola adapte avec brio l’imposant roman posthume de Bolaño.
publié le 13 février 2010 à 0h00

Votre mission, si vous l'acceptez, est d'adapter pour le théâtre un roman de 1 000 pages, considéré comme l'un des premiers chefs-d'œuvre de la littérature du XXIe siècle. Vous disposerez d'un budget réduit pour les décors et de douze acteurs. La durée de la représentation ne pourra excéder cinq heures, entractes compris. Vous devrez affronter l'ironie, voire la colère, des lecteurs du livre qui vous considéreront comme un traître, et supporter la courtoisie des programmateurs qui, tout en vous félicitant de votre audace, se diront désolés de ne pouvoir la relayer («Mais comptez sur moi pour un prochain projet !»).

Démesure. Directeur du théâtre Lliure de Barcelone, le metteur en scène Alex Rigola s'est fixé la mission impossible de porter à la scène 2666, roman posthume de l'écrivain chilien Roberto Bolaño, mort en 2003 (publié en français chez Bourgois). Son spectacle, présenté pour la première fois en 2007, n'a guère tourné hors d'Espagne. Il est ce week-end à l'affiche du Standard Idéal, le festival organisé par la MC 93 Bobigny. Cinq heures en espagnol surtitré, par un metteur en scène inconnu en France, les spectateurs, pour l'heure, ne se sont pas rués sur les réservations. Tant mieux, il reste des places et ceux qui feront le voyage à Bobigny ne seront pas déçus.

Nul tape-à-l'œil dans le 2666 de Rigola, qui ne prétend jamais pasticher la démesure du roman mais parvient, sans longueurs ni lourdeurs, à en restituer l