Menu
Libération
Critique

La Belle Epoque du Soleil

Article réservé aux abonnés
Théâtre . «Les Naufragés du fol espoir», une épopée alerte de la troupe d’Ariane Mnouchkine.
publié le 19 février 2010 à 0h00

Sitôt le seuil franchi, d’un siècle on rajeunit. Le Théâtre du Soleil a toujours eu à cœur de repousser les frontières de la représentation. Chez Ariane Mnouchkine, le spectacle commence hors de la salle et bien avant l’heure. Le hall est redécoré pour chaque nouvelle production, les acteurs se mêlent au public, servent au bar ; les loges sont ouvertes, on assiste au maquillage ou aux derniers essayages.

Dans les Naufragés du Fol Espoir, la reconstitution de la Belle Epoque est particulièrement réussie. Avant le début de la pièce, on déambule dans un Paris 1900 qui tient du pavillon d'exposition universelle et de la brasserie des grands boulevards. Aux murs, les publicités alternent avec des reproductions de gravures de livres de Jules Verne publiés aux éditions Hetzel. On est au temps de l'aéroplane et du cinématographe, des garçons de café à moustache et des chapeaux à voilette, des siphons et des bocks de bière.

niveaux. Le «Fol Espoir» inscrit au fronton du théâtre est une guinguette des bords de la Marne, qui abrite une salle de projection. Y règne Monsieur Félix, négrillon clownesque féru de cinéma. Qui va mettre l'établissement et le personnel à la disposition d'une équipe de tournage en mal de studio et de figurants. Nous sommes à l'été 1914 et la représentation avance sur deux niveaux : l'histoire (l'Europe à la veille de la guerre) et la fiction (le film qui se tourne, adapté d'un récit de Jules Verne). Et c'est à la poursuite d'une double u